Lorsqu’on recherche sur internet le type d’Emily Cooper le type 3 avec une aile 2 ressort principalement. Ayant vu les 3 saisons de la série, je ne pense pas qu’elle soit de type 3. Pour le typage d’Emily Cooper il est important d’y intégrer rapidement la compréhension de la Spirale Dynamique® car la confusion et l’erreur d’interprétation possible de son ennéatype provient probablement d’une confusion entre ce que l’on appelle en Spirale Dynamique®, le niveau d’existence ER Orange et son type. En effet, beaucoup de 3 sont décrits dans les livres d’Ennéagramme comme des 3 évoluant au niveau Orange de la Spirale Dynamique®.
Qu’est-ce que ER Orange ?
ER Orange est un niveau d’existence en Spirale Dynamique® où les valeurs principales vont tourner essentiellement autour du matérialisme, du fait d’avoir de l’influence et d’être indépendant. C’est aussi le niveau où l’accent est mis sur le rationalisme, le progrès scientifique et l’innovation en comparaison à l’approche dogmatique et idéologique du niveau d’existence précédent. En ER Orange, on prend sa vie en main en créant soi-même son destin à coup de prises de risques calculés et en saisissant les nombreuses opportunités qui se présentent à soi pour se construire une vie épanouissante où succès et plaisir forment le noyau d’une existence « réussie ». Bref, une vie à la Emily in Paris…
Confusion du vMème et du type 3
La série est de toute évidence un hymne à ce qui pourrait être l’apogée d’une vie en ER Orange où réussite sociale, matérialisme, hédonisme et réseaux influents sont caractéristiques du vMème. Pour autant ces traits sont également attribués (malencontreusement) dans beaucoup de livres d’Ennéagramme à la description du type 3, d’où une première confusion possible entre l’univers Orange qui imprègne la série et l’ennéatype. Il est important de garder en tête qu’il n’y a pas de corrélation entre un système de valeur ou certains métiers et les types. Tous les types de l’Ennéagramme peuvent travailler dans l’univers de la mode, du luxe et du marketing et celui-ci n’est pas forcément le privilège des 3 mais bien plus le reflet de notre système de valeurs. A cette confusion s’ajoute le personnage même d’Emily qui est américain et dont la culture 3 oriente encore davantage vers cet ennéatype.
Doute sur le type 3
La fixation, c’est-à-dire le filtre cognitif au travers duquel un individu va percevoir le monde, est en général un des traits de personnalité rapidement identifiable et visible lorsque l’on est dominé par nos mécanismes égotiques. La fixation du type 3 est la vanité et plus précisément la vanité de son image qu’il souhaite projeter aux autres (les critères de « réussite » étant bien entendu différents selon les 3 et l’environnement auquel ils s’identifient). Emily ne semble pas se définir et être obnubilée par la projection d’une image de quelqu’un qui a réussi socialement. Elle publie excessivement sur les réseaux sociaux (instagram) pour ses abonné(e)s mais cela fait partie de son travail dans la communication marketing et c’est aussi un comportement caractéristique de sa génération. L’autre aspect en général visible d’un ego est le mécanisme de défense. Les 3 utilisent l’identification pour répondre aux attentes des autres, en termes de valeurs, d’attitudes ou de comportements qui leur apporteront reconnaissance et succès. Bien qu’Emily réussisse à tous les coups à satisfaire (et même dépasser) les attentes de ses clients, celle-ci semble cohérente avec l’image qu’elle dégage et ne semble pas s’identifier outre mesure à ce qu’on attend d’elle. Oui elle veut réussir et mener à bien ses missions mais ce n’est pas un but en soi comme c’est souvent le cas pour les 3. Elle fait cela notamment pour être apprécié de Sylvie sa patronne et de ses collègues français qui la rejettent et lui mènent (au début) la vie dure. Mais Emilie à force de persévérance, de bonne volonté et l’envie d’aider, arrive peu à peu à se faire accepter par ses pairs et même de sa cheffe Sylvie (pour vous dire).
Le mensonge et la confusion identitaire ne sont pas visibles et surtout la compétition agressive et l’arrogance que peuvent afficher certains 3 dominés par leur ego non plus. Soit Emily est 3 et cela supposerait qu’elle soit absolument intégrée et opérerait depuis son essence de vérité et d’espérance, ce dont je doute fort. Emily évolue en effet dans un niveau d’existence au summum d’Orange qui est justement le niveau de la Spirale Dynamique où le 3 a plus de chance de se désintégrer et donc de manifester de façon visible les traits dysfonctionnels du type.
Les autres types possibles
Le typage d’Emily n’est pas facile mais on peut procéder par élimination pour réduire le champ des possibles à un ou deux types en partant de caractéristiques visibles du personnage. Alors qu’est-ce qui caractérise le personnage d’Emily si l’on devait la décrire par quelques mots ? On peut dire sans prendre trop de risque qu’elle est très positive, spontanée, dynamique, bienveillante, curieuse et très créative. En restant chez les types émotionnels, si elle n’est pas 3, elle ne peut pas être 4 car la mélancolie n’est pas présente. La bienveillance et l’envie d’être aimée peut pointer vers le 2. Mais je ne vois ni flatterie ni l’orgueil déguisé masquant une forme de dépendance relationnelle. Chez les instinctifs, j’élimine de facto le 8 et le 1. Bien qu’elle soit active et dynamique, vouloir être aimé et l’assumer serait un aveu de faiblesse chez le 8 et son enthousiasme spontané et sa légèreté exclue également le type 1. Chez les mentaux, on peut sans difficulté exclure le 5 et le 6, la fixation d’isolation et de doute n’est aucunement présente. Il nous reste du coup deux types : le 9 et le 7.
9 ou 7 ?
Alors, repartons des caractéristiques précédemment évoquées c’est-à-dire : positivisme, spontanéité, dynamisme, bienveillance et curiosité. 9 et 7 semblent cocher pas mal de cases. Emily aime être appréciée et rendre service et semble particulièrement bienveillante avec ses ami(e)s ce qui peut rappeler l’attention que portent les 9 auprès des gens qu’ils aiment. Elle présente en outre une spontanéité parfois naïve et fait quelques maladresses sociales pouvant faire penser à certains 9. Elle est certes présente et disponible pour ses ami(e)s mais au point de manifester l’oubli de soi, fixation du 9, j’en suis moins sûr, d’autant que les quiproquos peuvent être expliqués par la barrière de la langue française qu’elle ne maîtrise pas. Mais ce qui me semble improbable pour le 9 c’est que malgré les signes très claires qu’elle n’est pas la bienvenue (saison 1) et le rejet de ses collègues et notamment sa cheffe Sylvie, Emily continue de faire comme si de rien n’était jusqu’à s’imposer dans les réunions ou débarquer constamment dans le bureau de cette même Sylvie avec une insouciance à toute épreuve. Très difficilement concevable pour un 9 pas forcément pour un 7.
Optimisme, créativité, enthousiasme et « joie de vivre » (avec l'accent américain)
Emily a beaucoup de traits d’une 7. L’orientation du type de joie et d’optimisme, la créativité instantanée évoquant un centre mental très présent et la boulimie d’expérience de Paris, sa gastronomie, sa culture et de la France d’une manière générale, rappelant la passion de gloutonnerie de cet ennéatype. Elle accepte le poste à Paris instantanément et avec enthousiasme alors qu’elle ne parle pas un mot de français et parle de « grande aventure » qui rappelle comment les 7 abordent la vie. Malgré la méconnaissance du français et le rejet au départ de ses collègues elle insiste avec un optimisme naïf et insouciant typique du 7. Elle s’extasie de plaisir à la dégustation d’une omelette ou d’un pain au chocolat, elle s’enthousiasme pour tout et pour rien. Elle est résiliente et surtout fait preuve de créativité improbable et est très vive d’esprit. Elle trouve des solutions qui font toujours mouche. Elle refuse de retourner en Amérique malgré une promotion alléchante car elle n’a pas encore fini de « découvrir » Paris et veut continuer à profiter pleinement de son temps en France. Rien ne l’arrête pas même les remarques acerbes de Sylvie et elle utilise la rationalisation en se convaincant elle-même qu’au fond cette dernière l’apprécie.
Elle a un optimisme à toute épreuve. A propos de Paris, elle déclare : « Même quand vous passez une mauvaise journée la ville reste géniale ». Elle joue avec les mots, les expressions et les quiproquos de façon caractéristique des types mentaux : « Coup de foudre. C’est comme une tempête en été…on en a toujours dans le Midwest » ou quand Gabriel décide de retourner dans sa Normandie natale et qu’elle souhaite rester à Paris, elle lui déclare : « Je ne vais pas tomber amoureuse de quelqu’un qui a une date d’expiration » indiquant également l’orientation du centre mental à propos de sa relation qu’elle projette dans le futur.
Elle se donne plusieurs options comme le font les 7 et hésite à choisir par exemple entre Gabriel et Alfie les deux hommes qu’elle aime. Ce dernier lui déclare d’ailleurs qu’il n’est le second choix de personne et voyant l’incapacité d’Emily de choisir lui assène que « ne pas choisir c’est aussi choisir » (très caractéristique du 7 lorsqu’il s’agit de possibilités plaisantes).
Bref le type 7 avec une aile 8 a ma préférence car Emily montre également une assertivité et une confiance inébranlable plus présente que l’aile 6.