Personnalité pudique et discrète, Élisabeth Borne est une femme d’action qui préfère l’ombre à la lumière des plateaux télé. Contrairement à Emmanuel Macron (type 3), plus soucieux de son image, la Première Ministre ne semble pas motivée par une quelconque ambition personnelle et un désir de gloire ou de louanges. Celle qu’on qualifie de travailleuse acharnée, d’hyper rigoureuse et exigeante semble bien décidée à « réformer » la France, quitte à faire passer en force ses réformes. Car comme pour beaucoup de 1, convaincus du bien fondé de leurs idéaux et de leurs valeurs, ce qui est bien pour eux est forcément bien pour les autres…
Le travail avant tout
« Temps libre…un concept intéressant » était la réponse d’Élisabeth Borne lors d’une interview à Libération en 2018 lorsqu’on lui demanda ce qu’elle faisait de son temps libre. Ou encore « dormir à quoi ça sert » avait-elle répondu un brin ironique à un journaliste. Cette capacité de travail souvent louée par son entourage est peut-être le seul point commun qu’elle partage avec le chef de l’État. Car contrairement aux types émotionnels, Élisabeth Borne ne semble pas motivée par le souci d’apparaître comme celle ou celui qui réussit dans le simple but de renforcer son image. Non, Élisabeth Borne semble comme investie d’une mission, d’un idéal caractéristique de l’orientation du type 1. C’est dans cet esprit qu’elle assurait sur BFMTV « Je suis une femme de gauche. La justice sociale et l’égalité des chances sont les combats de ma vie ». Cet idéal pour Élisabeth Borne c’est servir la France, elle qui a été pupille de l’État après le décès prématuré de son père alors qu’elle n’avait que 11 ans. Pur produit de l’école Républicaine, des classes préparatoires aux grandes écoles, elle intègre polytechnique et en sort dans le corps des ponts et chaussées. Bref, l’étudiante exemplaire, sérieuse (trop?) et qui ne laisse aucune place dans sa vie aux loisirs et à la détente. Car en bonne 1 le plaisir ne passe qu’après le travail. Et comme tout son temps est consacré au travail on peut facilement présumer que les moments de détente et de plaisir doivent relever chez elle de l’exceptionnel. Ce que semble confirmer un ancien camarade de polytechnique s’exprimant dans le l’Étudiant.LeFigarot qui se rappelle d’une étudiante particulièrement discrète et d’une grande bosseuse « qui dédiait sa vie au travail…. et qu’il ne l’a jamais vue ni en soirée, ni participer dans les évènements, ni autour du bar ou de la table de ping-pong ». Ou lorsque Gilles Dansart, avec qui elle a collaboré durant ses années à la RATP, disait d’elle « qu’il n’y avait pas de place à la galéjade ou aux petits moments de détente, elle est tout le temps à fond ».
L'idéal de perfection
Dans cette recherche de perfection, les 1 vont se comporter d’une manière à se conformer avec leur vision de ce qu’ils estiment être parfait. Cela va bien entendu varier en fonction des 1, de leur histoire personnelle ou encore de leurs valeurs mais le fonctionnement reste le même. Dans cette quête ils se doivent d’avoir le comportement et l’attitude appropriée. Cela passe en général par une grande rigueur, un sérieux à toute épreuve et la nécessité de toujours s’améliorer, de s’investir à fond dans les choses qu’ils pensent être justes. Être sérieux, juste et intègre et se donner les moyens sont des valeurs fondamentales pour les 1. Malheureusement cette quête de perfection et d’idéal peut facilement se transformer en perfectionnisme et lorsque le résultat n’est pas à la hauteur de leurs attentes, ce qui arrive souvent, les 1 peuvent devenir particulièrement durs, exigeants et froids. Convaincus du bien fondé de leurs actions, les 1 évoluant à des niveaux moyens deviennent inflexibles, laissant peu de place à la négociation ou à une quelconque remise en cause. Fabien Dumas, syndicaliste chez Sud Rail, se souvient de négociations âpres avec Élisabeth Borne : « Elle écoute sagement, elle entend nos revendications mais après elle déroule sa feuille de route, elle arrive avec un mandat, elle n’a pas bougé d’une virgule entre le début des négociations et la fin ». Anaïs Bouissou, journaliste chez RTL, parle de « son côté reptilien, un serpent froid qui ne lâche pas sa proie ». Elle est aussi connue pour avoir épuisé un certain nombre de collaborateurs à la RATP, envoyant des sms de travail après minuit pour un rapport sur son bureau à 7h du matin. Des gens sortaient en pleurs de son bureau ce qui lui a valu le surnom peu flatteur de « Borne-Out » ou de « Bornée ». Consciente de certains traits de sa personnalité, elle justifie son caractère « combatif » par son histoire personnelle et le décès prématuré de son père et est convaincue que « l’opiniâtreté » est la clé pour faire avancer les choses.
La passion de colère
La passion du 1 en Ennéagramme est la colère. Comme pour toutes les passions en Ennéagramme il est important de bien comprendre comment cela se manifeste et imprègne la personnalité. Tous les types sont exposés plus ou moins à la colère. Les types du centre instinctif que sont les 1, 8 et 9 ont en général une problématique plus fondamentale avec la colère étant donné que cette émotion est directement reliée à la partie instinctive et animale de l’homme. Les 8 l’expriment souvent alors que beaucoup de 9 n’en ont juste pas conscience. Les 1 la ressentent mais à cause de leur compulsion d’évitement ils vont essayer de la réprimer et de la contrôler. Malheureusement les imperfections du monde et des autres constituent pour le 1 une source inépuisable d’insatisfactions et de frustrations et sous l’effet de la compulsion d’évitement d’exprimer justement cette colère, celle-ci va se manifester par le mécanisme de formation réactionnelle. De temps en temps et sous la pression, cette colère peut sortir sous forme de critiques acerbes et directes. Un jour, alors qu’elle marchait dans la rue avec Darmanin et d’autres ministres, elle répondit ironiquement à un journaliste de BFM qu’elle trouvait son métier génial à « devoir passer sa journée à répondre à des questions cons » … de ces mêmes journalistes. De proches collaborateurs disent qu’elle peut être « super grossière ». A la RATP elle était aussi décrite comme extrêmement exigeante voire « cassante » avec ses équipes. Parfois la colère est telle chez le 1 que quand elle finit par s’exprimer elle peut aussi être assez violente. « Elle se met en colère, elle peut hurler quand la réalité échappe à son contrôle » comme l’explique des journalistes dans un article de L’Opinion en avril 2021. Colère qu’elle justifie dans ce même article que « la rage d’être efficace explique l’impatience« . Beau mantra de 1 au passage…
Contrepoids égotique
Moins connue et documentée dans le monde de l’Ennéagramme est la notion de contrepoids égotique. Les Chabreuils sur la base du travail d’Ichazo sur les types et leurs besoins de compensation égotique, lui donnent le nom très juste de contrepoids égotique. Comprendre cet aspect des types lorsqu’ils sont sous stress ou en tension permet d’éclairer davantage sur la personnalité dans le cadre de l’Ennéagramme. Le contrepoids égotique pour le type 1 est de développer sous stress des problèmes d’accoutumance à des produits (alimentaires ou non alimentaires). Une ancienne conseillère décrit Élisabeth Borne comme une accro au Coca Cola Light et une « droguée » aux Carambars. Plus cocasse, on sait la Première Ministre accro à la cigarette électronique et au vapotage « goût menthol ». Plusieurs fois elle a été surprise dans les couloirs de l’Assemblée, au Sénat ou sur les plateaux télé à vapoter malgré l’interdiction par le code de la santé publique. Une séquence diffusée par LCP montrant Élisabeth Borne en train de vapoter créa d’ailleurs une petite polémique à l’époque où elle était encore ministre du Travail.
Conclusion
Élisabeth Borne est souvent décrite par ceux qui l’ont côtoyée avec les mêmes traits qu’on attribue dans les descriptions générales du type 1 : grosse bosseuse, intègre, appliquée, battante, décidée, rigoureuse, pugnace, volontaire mais aussi parfois colérique, dure, rigide et inflexible. Celle que Christophe Castaner, son ancien collègue, surnommait à juste titre la « Ministre des réformes impossibles rendues possibles » vient encore une fois de démontrer avec la réforme des retraites, qu’elle mènera coûte que coûte ce pour quoi elle a été mandatée. En bonne 1, poussée et obnibulée par son idéal du travail qu’elle croit devoir absolument accomplir, Élisabeth Borne en vient même à prendre le risque de sacrifier sa carrière politique en devenant le « fusible » du Président.
