Thai food ennéagramme

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Comme pour les individus il est parfois possible d’attribuer un ennéatype à un pays. Type 3 pour les USA, 4 pour la France ou encore 7 pour la Thaïlande. Connaissant moins bien la culture américaine contrairement à la France et la Thaïlande, qui est aussi le pays de mon père, je trouve particulièrement intéressant d’analyser cela sous l’angle de la cuisine de ces deux pays.

France et cuisine forment presque un pléonasme tellement l’imaginaire collectif associe la France à la grande gastronomie, pays au plus de 4000 recettes « officielles » qui en font de loin la première nation au monde devant la Chine qui en compte moitié moins. La créativité culinaire d’un pays 4 comme la France est fascinante. Pays de la haute cuisine, la multitude de Chefs que compte notre pays n’a cesse d’innover et de réinventer une cuisine française frôlant parfois la joaillerie mais qui peut tout aussi surprendre par la simplicité d’un plat magnifié juste par la fraîcheur d’un produit, sa saisonnalité et sa provenance révélant ainsi la richesse d’un terroir unique que le monde nous envie. Mais qu’est-ce qui donne donc ce parfum de 4 à cette cuisine française car il faut l’avouer, pour peu qu’on ait un peu voyagé (en tout cas au delà des frontières de l’hexagone) d’autres cuisines sont (presque ;o) toutes autant savoureuses et aussi créatives. Mais cette petite touche française qui va la distinguer des autres trouve son explication dans l’orientation du type 4, le sens du beau et de son centre principal d’intelligence, le centre émotionnel.

La créativité émotionnelle française

L’orientation du type est d’autant plus frappante que quand on a vécu comme moi dans des pays différents on peut avoir des éléments de comparaison. A chaque fois que je retourne en France c’est ce qui saute aux yeux en premier. Le soucis du détail, du travail bien fait et cette recherche de beauté et de l’esthétique notamment en cuisine. En Angleterre ou en Allemagne par exemple, qui je vous l’accorde ne sont pas les pays auxquels on pense quand on parle de « bonne bouffe », insister autant sur le côté visuel et esthétique en cuisine est secondaire voire inutile et ne fait aucun sens. Là où en France au contraire cela prend tout son sens. Ne dit-on pas d’ailleurs que l’on mange d’abord avec les yeux et que ceux-ci doivent affoler nos papilles pour nous donner envie… (passion du type au passage). Se mettre en appétit et avoir « envie » de déguster ce plat ou cette pâtisserie pour nous créer une expérience gustative, sensorielle et émotionnelle, là où nos voisins anglais et allemands ont un rapport plus instinctif avec la nourriture qui se résumerait par la simple utilité fonctionnelle d’alimenter un corps comme on mettrait de l’essence dans une voiture. D’ailleurs ils ne comprennent pas très bien tout le tapage que l’on fait autour du bien manger et de la cuisine.

Car il est vrai que ce qui différencie peut-être les Chefs français des autres est cette recherche de la perfection, du goût et de l’association unique entre la vue et le palais non pas pour que vous trouviez le plat « seulement » beau et bon, ce qui satisferait n’importe quel Chef au monde, mais non le Chef français lui veut aller plus loin, poussé par sa compulsion d’évitement de la banalité, il veut vous faire ressentir quelque chose de fort, de personnel, une émotion unique. Et quoi de mieux que pour illustrer cela que la fameuse madeleine de Proust (qui était 4 soi-disant au passage). Faire ressurgir et réactiver en vous un souvenir de quelqu’un ou d’une expérience ne serait-ce pas là le compliment ultime d’un client pour l’oeuvre d’un Chef…français. Déguster le sot-l’y-laisse d’un bon poulet fermier et se retrouver projeter un dimanche en enfance chez papy et mamie ou lorsque l’odeur d’un velouté de potiron aux châtaignes vous transporte en automne lorsque vous passiez vos journées à jouer dans un sous-bois.

Et si vous rajoutez à cela le mécanisme de défense d’introjection du Chef s’imaginant à la place de son client en train de déguster le plat qu’il aura élaboré auparavant en cuisine, vous pourriez avoir une idée de comment l’utilisation du centre émotionnel agit comme moteur et devient source de sa créativité. Une créativité émotionnelle spécifique au type 4 nourrit d’introjection qui le pousse à l’excellence.

 

« Oeuvres » de Cédric Grolet – « oui oui ça se mange ! »

Créativité à la sauce thaï

La cuisine thaïlandaise est la cuisine de mon père. J’ai certes grandi en France mais c’est cette cuisine que je connais le mieux, je donnais des cours de cuisine thaï d’ailleurs avant que je me passionne pour l’Ennéagramme. Ma madeleine de Proust à moi à l’odeur de riz gluant cuit à la vapeur sur une natte de bambou, du poulet grillé à la citronnelle du samedi matin et de la mangue sucré au lait de coco. Comme dirait les américains, la cuisine thaï c’est ma « comfort food ». La Thaïlande est LE pays de la street food ! C’est d’ailleurs à partir de là que le concept de street food est devenu « trendy ». Arpentez un marché à Bangkok, à Chiang Mai ou dans l’Isan et vous vivrez une expérience sensorielle et gustative unique ! Les odeurs, les couleurs, la variété des produits, des condiments etc.. vous retrouverez toute l’âme de la Thaïlande dans son marché et ses plats.

Manger est toute une histoire en Thaïlande mais contrairement à la France on n’est pas dans le recherche du beau ou de la perfection ou de vous créer une émotion particulière mais dans le recherche du plaisir, du « sanouk » et du « aaroy », deux mots qui résument à eux seuls l’esprit thaïlandais….et le type 7. « Sanouk » traduit la drôlerie, le « fun » mais toujours dans l’esprit de s’être bien amusé, d’avoir passé un bon moment. « Aaroy » signifie bon en français. Lorsque vous dégustez un plat on vous demandera souvent « Aaroy maï ? » qui signifie littéralement c’était bon ? vous avez aimé ? mais « aaroy » est aussi utilisé pour exprimer votre satisfaction d’avoir passé un bon moment…. au lit. Alors quand vous arrivez à cumuler les deux expériences de « sanouk » et de « aaroy » alors là vous avez l’expérience ultime du 7 mariant le plaisir et l’amusement ! ;o). Mais la cuisine thaï dans tout ça ? Qu’est-ce qui différencie la créativité française à la créativité thaï, plus proche du type 7 que du 4 ?

La créativité du 7 se trouve dans sa faculté à faire des associations, de créer des ponts entre des domaines et des sujets totalement différents et parfois opposés, c’est une créativité non pas émotionnel mais bien mental, une créativité par la pensée. En cuisine thaï cela se traduit souvent à marier l’improbable en terme de goût et de saveur et de sortir au final un plat ou un dessert au goût unique. Prenant l’exemple des curries Thaï si savoureux et à l’explosion en bouche d’une multitude de saveurs. Pour faire un curry thaï il faut bien sûr une pâte de curry. Celle-ci est composée parmi tant d’autres de produits extrêmement forts et puissants comme le galanga (pas de gingembre sacrilège !), de piments thaï particulièrement forts, d’écorces de citron kaffir au goût extrêmement âpre mais surtout du « kapi », sorte de pâte noirâtre composé d’anchois séchés, de crevette, de poisson qui ont été macérés ensemble pendant plusieurs mois (au minimum) et dont l’odeur pour les non-initiés (c’est à dire les non thaï) est juste insupportable. Mais quand on cuisine cette pâte de currie dans une recette de curry vert ou rouge au lait de coco vous obtenez un plat juste savoureux, onctueux et parfaitement équilibré. Car l’équilibre des goûts en cuisine thaï est particulièrement important. Il y a quatre goûts qu’il faut savoir maîtriser. Le salé apporté par le « naam pla » ou sauce de poisson, le sucré apporté orginellement par le sucre de palme (rien à voir avec l’huile de palme qui vient d’un autre arbre), le côté pimenté avec des piments très forts et spécifiques à la Thaïlande comme le « prik ki nu » et l’acidité apporté par le citron vert ou encore par la pâte de tamarin, fruit du tamarinier. Un des secrets de la cuisine thaï est de savoir combiner et équilibrer ces saveurs ensemble qui n’est pas chose facile étant donné leurs goûts très prononcés pris individuellement.

 

La « vraie » pâte de curry thaï « aroy mak maakkk ! »

Un autre plat qui illustre bien aussi la capacité des thaï à innover et faire des associations (et à se réinventer, qualité particulière pour le type 7) , c’est le fameux Pad Thaï. « Pad » veut dire faire sauter dans un wok ou dans un plat. Si vous souhaitez manger un sauté de légume ou de viande vous demanderez au restaurant un « pad paak » ou « pad nua » … au choix. Mais quid du Pad Thai ? Et bien le pad thaï est une invention somme toute assez récente dont l’origine est associée avec la création officielle et le changement de nom de l’ancien royaume de Siam en Thaïlande en 1939. Il avait été demandé par les responsables du royaume de l’époque de trouver un plat qui illustrerait l’esprit de la nouvelle Thaïlande et c’est comme ça que naquit le fameux plat. Mariage entre des ingrédients purement thaï comme la pâte de tamarin, le sucre de palme, les crevettes séchées ou encore la sauce de poisson et des ingrédients plutôt d’origine chinoise, en référence à la grande communauté chinoise de Bangkok (d’où le plat est d’ailleurs originaire), comme le tofu, les nouilles de riz ou le radis fermenté sucré chinois. Le style de cuisson du pad thaï dans un wok est également chinois.

Il y a une multitude d’autres plats thaï qui illustreraient également bien cette créativité thaï. Le dessert de la mangue sucrée au coco par exemple qu’ils remplacent parfois par du durian ou le « king of fruit » comme ils disent, qui par son odeur rebuterait n’importe quel « farang » mais qui par l’équilibre apporté par le riz gluant adoucit au lait de coco sucré et parfumé de feuille de « padang » donne un dessert subtile et surprenant. Ou encore l’inventivité thaï de colorer certains desserts d’un noir tout à fait naturel et comestible à partir de cendre d’écorce de noix de coco séché.

Imprégné de la culture thaï et française je suis toujours agréablement surpris par l’inventivité et la créativité de ces deux cuisines. Les voir sous l’angle de l’Ennéagramme me permets d’en apprendre toujours un peu plus sur mes deux pays de coeur.

Réflexions diverses

Je connais mon type en Ennéagramme et après…

Ah, l’ennéagramme… Ce merveilleux outil de connaissance de soi, aux multiples promesses de transformation personnelle et de compréhension des autres. On commence souvent par un livre, un test en ligne,