Il est indispensable de bien faire la distinction entre l’envie et la jalousie car il serait trop simple de penser que le type 4 à cause de sa passion d’envie soit forcément plus enclin à la jalousie. Et effectivement, je me suis rendu compte que ces deux émotions étaient finalement assez différentes.
Dans mon dictionnaire, l’envie est définie ainsi (en première définition) : Sentiment de frustration, d’irritation jalouse que suscite la possession par autrui d’un bien. Quant à la jalousie, il est écrit : Sentiment de dépit mêlé d’envie, dû à ce qu’un autre obtient ou possède ce que l’on aurait voulu obtenir ou posséder. Comme on peut le voir dans ces deux définitions, l’envie et la jalousie sont souvent confondus et même parfois synonyme.
Envie vs Jalousie
En recherchant sur google je suis tombé sur ce brillant texte https://journals.openedition.org/pratiques/1337 qui explique en détails les différences fondamentales entre ces deux notions, finalement très différente l’une de l’autre.
A la lecture de cette étude, il en ressort principalement que contrairement à l’envie, la jalousie est un affect. Il y est défini que (…) Les affects sont des processus complexes qui activent les domaines du penser, du vouloir, du ressentir et du faire. Un affect est la configuration spécifique de composantes cognitive, affective et physique. La composante cognitive est déterminante pour un affect : l’expérienceur perçoit une situation et effectue un jugement (appraisal) sur cette situation. Envie et jalousie ont en commun qu’elles activent toutes les deux les domaines du penser et du vouloir mais seule la jalousie active les domaines du ressentir et du faire. L’envie a une valeur affective et émotionnelle liée au désir (…) dans tous les énoncés avec l’envie et ses dérivés, on repère l’idée du désir (…). Il y a une implication mentale plus forte pour la jalousie alors que l’envie induit seulement une volonté (sans affect). L’auteur explique lui-même qu’il est facile de remplacer le mot envie par aimer ou souhaiter, ce qui n’est pas possible pour la jalousie.
Dans ce cadre, la jalousie est une notion plus complexe que l’envie. L’auteur explique qu’à l’envie est souvent associée une notion de désir et que la jalousie implique toujours une connotation négative. On peut avoir envie ou « envie de faire » quelque chose sans que cela implique un jugement négatif de la situation alors que la jalousie part du postulat que la situation est négative, en tout cas du point de vue de la personne qui vit ce sentiment.
(…)Pour complèter l’invariant conceptuel de la jalousie, il faut ajouter que la jalousie, en plus de son orientation axiologique négative interne (penser et ressentir quelque chose de mauvais), est également considérée comme négative au plan axiologique externe : « les gens pensent que ressentir quelque chose comme cela est mauvais ».
Des Types plus exposés que d'autres
A cause de son filtre d’attention, le type 4 va ressentir ce qui lui manque dans le présent ou dans son environnement et l’imaginer ou le voir chez d’autres, déclenchant ainsi sa passion d’envie. Par le mécanisme de défense d’introjection, il se met alors à vivre et ressentir des émotions fortes plus ou moins agréables et pour beaucoup de 4, l’envie se manifestera essentiellement sous une forme de désir mélancolique de l’objet envié.
Contrairement à l’envie, la jalousie induit la nécessité d’avoir une tierce personne présente dans la situation contrairement à l’envie qui peut simplement exprimer un désir sans qu’il n’y ait personne d’autre. Il y a donc avec la jalousie une notion d’hostilité envers quelqu’un, qui possède ce que l’autre n’a pas. Comme toutes les passions en Ennéagramme, encore plus pour les types du triangle, celles-ci peuvent être vécu par tous les types. Néanmoins je pense que certains types à des niveaux moyens, plus que d’autres, ressentiront plus cette hostilité liée à la jalousie.
Si l’implication mentale évoquée par l’auteur déclenche par exemple de la peur (de perdre quelque chose ou quelqu’un) les types 6 y pourront être plus exposés. Dans le même registre beaucoup de 3 peuvent être très jaloux du succès des autres ou le 2, même s’il aura du mal à l’admettre, pourra être jaloux d’une personne qui aura plus d’attention positive que lui et/ou dès lors qu’il ressentira de l’insécurité affective. Par ailleurs le type 1 sexuel qu’on appelle injustement jalousie est en réalité plus caractérisé par un fort désir, sans forcément impliquer une quelconque hostilité, de vouloir « corriger » les autres au regard de ses valeurs ou encore par une assertivité assumée (plus que les deux autres sous-types) de réclamer ou d’exiger ce qu’il estime lui revenir de droit. Idem pour le 5, qui peut par exemple envier le savoir ou l’indépendance d’un autre sans pour autant être hostile à la personne enviée.
Au contraire, le type 7 et particulièrement le type 9 semblent moins enclin à la jalousie. Plus enclin aux désirs et donc à l’envie, la jalousie pourrait créer chez le 7 des sentiments de frustration ou de limitations qu’il cherchera à contourner ou compenser alors que chez le 9, bien qu’il puisse adopter des comportements passifs agressifs, ressentir de l’hostilité vis-à-vis de quelqu’un ne fait pas forcément parti de son registre.
Pour finir, je dirais qu’il faut faire attention avec le raccourci envie/jalousie que certains attributs trop facilement au 4. D’une manière générale les terminologies utilisées en Ennéagramme doivent être comprise dans le contexte de celui-ci et peuvent notamment dans le cas des passions et des fixations, être comprises différemment de la signification courante ou habituelle qu’on leur attribut.